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Luca M. Carnstairs
Luca M. Carnstairs
+ messages : 237
+ face and credits : odeya rush (moony.) + astra (signa)
L’horloge sonne onze heures moins dix quand Luca descend du tramway typique de San Francisco et commence à dévaler la rue d’un pas pressé. L’ordre et la vigueur ont toujours été des mots d’ordres pour elle, si bien qu’elle ne se permettrait jamais d’être en retard. Droite comme un I, la démarche fière, le menton haut. Si tu baisses les yeux, tu as déjà à moitié perdu. Elle finit par pousser la porte d’une pizzeria à l’aspect un peu délabré mais dont les rares clients connaissent la véritable valeur des pizzas confectionnées en cuisine. Ici, elle a rendez-vous avec Theodore, un demi-dieu rencontré dans de drôles de circonstances peu après la guerre. Enfin, les circonstances ne comptent pas. Ce qui importe, c’est qu’avec lui elle se sent mieux et pour l’instant, c’est le plus important. Ça lui permet de souffler un peu, de retirer le masque de froideur qu’elle revêt en permanence au Camp Jupiter. Il faut garder la tête haute quand l’on est centurion, sinon c’est toute la cohorte qui s’effondre. Alors pour éviter que le masque finisse par ne plus suffire Luca prend des pauses, elle s’échappe et recroise la route de ce drôle de demi-dieu.

Enfin pour le moment, elle est seule à une table, les yeux rivés sur le menu qu’elle connaît déjà par cœur. Derrière un groupe de filles parlent fort, éclatent de rire, racontent leur vie sans aucune gêne – mais Luca n’est ni intimidée ni apeurée. Lupa, les compétitions, la vie de sang-mêlé, les guerres lui ont forgée une carapace capable de survivre à tout. Mais à présent, c’était comme si cette carapace ne lui allait plus, qu’elle était devenue trop étroite. Elle n’en avait plus besoin. A vrai dire, tout ce dont elle avait besoin c’était d’une présence, d’un soutien, d’un ami. Elle n’avait plus envie de faire semblant.
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Theodore A. Brennan
Theodore A. Brennan
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luca & theodore

no place for us

Il passe la semaine à San Francisco. Ca lui change les idées, et il aime bien, s'échapper de temps à autres. Ca lui rappelle le temps où il voyageait à travers le pays avec Jules, sans destination précise. Il a fait un arrêt à Lewisburg, pour quelques jours. Ca coupe le trajet, ça lui permet de faire une pause, et surtout, ça lui a permis de voir Livia. Elle vieillit, Livia, mais son regard est toujours vif et son sourire toujours aussi éclatant. La laisser le chouchouter pour deux jours leur a fait du bien à tous les deux, et retrouver l'appartement multicolore et les sandwiches élaborés qu'elle confectionne toujours lui a remonté le moral. Il a tendance à oublier combien Livia compte pour lui, et que les lettres ne sont parfois pas suffisantes, pas plus que les appels qu'ils échangent de temps à autres. Quand elle a ouvert la porte, elle lui a caressé la joue et l'a serré contre lui - l'une des seules personnes qu'il apprécie avoir dans les bras, parce qu'elle réconforte et qu'elle a toujours été là. Il a fallu repartir, bien sûr, et ça lui a un peu brisé le coeur, comme à chaque fois, de laisser la vieille femme seule quand il voit bien que monter ses courses au premier étage n'a rien d'une tâche facile. Mais il n'a pas le choix. Il ne peut pas la mettre en danger, de toute façon. Et elle le dit elle-même, ça n'a rien d'une vie, de t'occuper d'une vieille dame comme moi. S'il avait le choix, il en ferait une vie.

Il est arrivé à San Francisco la veille, s'est effondré sur le lit d'une chambre d'hôtel un peu décrépie, et ne s'est réveillé que quelques heures plus tôt, épuisé par le voyage. Il est dans les temps - il ne faudrait pas qu'il rate sa rencontre avec Luca, la demi-déesse romaine avec qui il est ami. Une amitié qui résulte d'une rencontre étrange, d'une nuit orageuse où l'enfer se déchaînait dehors. Une amitié un peu étrange, fragile peut-être, mais réconfortante. Il apprécie Luca et sa compagnie. Il n'aurait pas fait tout ce trajet, sinon. Elle lui a donné rendez-vous dans une pizzeria, qu'il n'a aucun mal à trouver une fois dans la rue, habillé de son habituel sweatshirt sombre à la fermeture remontée jusqu'en haut. Tout pour être invisible. Quand il pousse la porte, ce sont les éclats de rire d'un groupe de filles qui attirent son attention, juste avant que son regard se pose sur la romaine. Il affiche un sourire discret, léger, et la rejoint en quelques pas, s'installe silencieusement face à elle et s'adosse contre sa chaise. "J'espère que tu ne m'as pas attendu trop longtemps." Pas besoin de la saluer, ces choses-là ne sont pas nécessaires. Il l'observe un instant, vérifie qu'elle à l'air d'aller bien, et ça lui suffit. "T'en as eu assez de l'ambiance de ton camp ?" Il demande finalement, et le sourire est de retour, juste au coin de ses lèvres, parce que c'est comme une blague. Ils en tous un peu assez, de l'air lourd d'angoisse, de peur, de colère et de négativité qui traîne dans les camps comme un brouillard qui persiste. Il détache son regard de la jeune femme pour le poser sur celui qui vient prendre leur commande. Il observe la carte, n'est pas sûr qu'il pourra encaisser la richesse de la nourriture proposée. Il finit par commander un café et une salade, ça devrait passer. Il fait des efforts pour manger, maintenant, ce serait bête de se laisser mourir ou de faiblir au mauvais moment. Livia l'en a convaincu. Il croise les bras sur son torse, la laisse commander. En attendant, il promène son regard sur les lieux, suffisamment détendu. Luca a cet effet-là, après tout.

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Luca M. Carnstairs
Luca M. Carnstairs
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Quelques minutes passent et elle reconnaît la silhouette de Theo lorsqu’il passe la porte et lui adresse un sourire léger. Il s’assoit sur la chaise à côté d’elle, lui demande si elle n’a pas attendu trop longtemps, ce à quoi elle répond en secouant la tête. À force d’arriver en avance à l’école, aux compétitions, au cinéma, aux rendez-vous, aux entraînements, à tout, on finit par perdre la notion du temps. Il la questionne sur son camp et c’est à son tour d’aborder ce même sourire, comme s’il s’agissait d’une blague. Le Camp Jupiter. À la fois sa maison et son enfer. Il n’y a que Theo pour comprendre à quel point elle peut se sentir mal des fois là-bas, pourquoi elle a besoin de fuir ce lieu qui lui a pourtant ouvert les bras.

« Pas le courage d’affronter les regards des autres. Tout le monde s’attend à ce que je craque, que je devienne l’ombre de moi-même. » Mais n’est-elle pas déjà l’ombre d’elle-même ? Un serveur arrive, note sur son calepin la commande de Theo puis celle de Luca – une Margherita, un classique – et repart tout aussi vite. Elle se racle la gorge et continue, pas trop sûre d’arriver à mettre des mots sur ce qu’elle ressent. « J’ai pas envie de montrer mes faiblesses. Pas envie de demander de l’aide comme tous les autres. Je…  Je suis pas comme ça. Je veux pas qu’on croit que je suis pas assez forte. » Finit-elle d’une petite voix, presque un murmure. Dure d’admettre ses faiblesses. Fille de Victoria, la Victoire par excellence. Future championne olympique, fierté de son père, fierté de sa Cohorte jusqu’à en finir centurion. Promise à de grandes choses – pourquoi avait-il fallu qu’elle s’effondre ? Elle avait perdu l’ambition, perdu la détermination. Ses yeux bleus avaient perdu leur éclat, la flamme qui l’animait autrefois. Viser toujours plus haut. Elle s’était effondrée, incapable de se relever, avant de finalement arborer un masque de froideur en espérant qu’il dupe tout le monde.

« Et toi ? T’arrives à t’en sortir ? » Demande-t-elle d’une voix mal assurée. Theo a aussi enduré la guerre, en gardant les séquelles comme s’il s’agissait de plaies encore ouvertes. Il a le regard vide, comme s’il avait perdu quelque chose d’important. La première fois, ça lui avait fait le coup d’une décharge électrique. La nuit passée à attendre que l’orage passe l’avait convaincue qu’il était différent de tout le reste des demi-dieux : il avait pas réussi à tirer un trait sur tout ça, il avait pas réussi à aller de l’avant comme on le leur avait répétés. Alors elle faisait de son mieux pour l’écouter, pour lui montrer que quoiqu’il arrive, elle était là pour lui. Peut-être un peu loin, mais tant qu’ils avaient leur rendez-vous de temps en temps, le monde continuerait de tourner.
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Theodore A. Brennan
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luca & theodore

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Il l'observe, pensif. C'est la différence entre eux, les responsabilités qu'a Luca, la façon dont elle se doit de maintenir une certaine image. Elle sait masquer le brouillard même quand il devient trop envahissant, elle sait prétendre au moins suffisamment pour tromper la plupart des gens. Il ne sait pas faire ça, lui. Sa fragilité se montre comme si on le lui avait inscrit sur le front, il transpire la vulnérabilité, et il n'arrive à rien cacher. Il est un livre ouvert. Mais il hoche la tête quand Luca poursuit, une fois le serveur éloigné. Ca, il comprend. Il ne veut pas demander d'aide non plus. Et il aimerait les cacher, ses multiples faiblesses. "Je pense pas que demander de l'aide fait de toi quelqu'un de faible." Il répond quand même, laconiquement. C'est pas faux, il le pense, il faut du courage pour admettre qu'on ne peut pas s'en sortir seul. C'est juste plus facile à dire qu'à faire, plus joli sur le papier qu'ancré dans la réalité. Une fois que tu montres tes faiblesses, n'importe qui peut les exploiter, et surtout, n'importe qui peut voir combien il est simple de t'atteindre. Theodore, il ne cache pas grand chose, parce que tout l'atteint, de toute façon. Mais il aimerait être de ceux qui ne laissent rien filtrer et endurent sans un mot. Ca le fatigue d'être de ceux qui sont terrifiés et ne savent pas le cacher, mais qui finissent tout de même par craquer ou exploser par moments. Ca ne laisse aucune place pour le repos. Et Luca, même si elle est cent fois plus forte que lui, elle craque aussi. Elle fait juste attention à ne pas le faire n'importe où. Du moins, c'est l'impression qu'elle laisse derrière elle, elle se contrôle. Il envie ça.

Il hausse une épaule quand elle lui pose la question. "C'est pas plus mal de voyager un peu, de s'éloigner." L'ambiance au camp n'est pas si lourde, comparée aux autres. Ca ne l'empêche pas d'avoir du mal à s'adapter. Il ne trouve pas beaucoup de temps pour lui-même, se noie dans le travail de construction, se jette sur chaque petite minute qu'il peut obtenir seul avec un livre. Ca ne rend pas les choses simples. Ils ont des maisons, maintenant, des chambres attitrées. Il a encore du mal à se faire à la présence de tous les autres, parfois à avoir le courage de leur parler, d'entretenir leurs relations. Kai essaie, il l'a bien vu. C'est plus difficile qu'il n'y paraît, d'être abîmé et de parler à ceux qui le sont tout autant. Teagan aide, aussi. Edelweiss est la seule dont il se sent proche dans la maison deux. Kingsley le terrifie. Il adresse un léger sourire à Luca. "J'me dis que..." Il fait une pause, cherche ses mots, parle maladroitement. "C'est pas pire, tu vois. Je suis pas certain que ça soit mieux, mais... Y'a déjà ça." Il hausse une épaule, encore, geste nerveux qu'il ne contrôle pas, et pose le regard sur la table, mal à l'aise. "Les problèmes du quotidien au camp ont au moins le mérite de changer les idées." Il finit par conclure avec un petit soupir qui pourrait ressembler à un rire. Il y a les cauchemars, bien sûr, toujours présents, l'ombre de Jules qui le suit partout, le poids de sa perte qui ne s'allège pas, mais le fait qu'il parvienne à faire partie de la vie du camp, c'est quelque chose. C'est mieux que rien, et même si les choses ne s'arrangent pas tant que ça, elles deviennent supportables. Mais il ne l'explique pas vraiment à Luca, c'est trop compliqué de mettre des mots dessus. Le serveur est de retour, de toute façon, dépose leurs commandes juste sous leur nez et leur souhaite un bon appétit. Theodore n'affiche qu'un sourire maladroit, avale une gorgée brûlante de son café. "Comment va la Nouvelle Rome ?" Il apprécie quand Luca parle de la Nouvelle Rome, lui qui n'y a jamais mis les pieds, n'a jamais vraiment eu la chance de mettre les pieds dans un lieu entièrement protégé des monstres et du monde mortel.

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Luca M. Carnstairs
Luca M. Carnstairs
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Les mots de Theo lui arrachent un sourire. Il a raison. Demander de l’aide n’est pas une faiblesse – c’est juste elle qui se persuade du contraire. Elle veut pas faire pâle figure au Camp. Elle veut pas avoir l’air d’être mal parce qu’elle est trop emprisonnée dans son rôle de centurion, dans ses responsabilités, comme si elle devait montrer l’exemple. Peut-être aussi parce qu’elle croit qu’en faisant comme si rien ne l’affectait elle arriverait à oublier tout le reste. C’est beau de se rattacher à des et si. Elle hoche doucement la tête quand il répond à sa question. Voyager, se changer les idées. Elle aussi elle connaît ça. Supplier pour être chargée de mission, partir seule pour pouvoir se reposer, souffler un peu et revenir au Camp. Répéter le schéma perpétuellement, même quand l’on commence à lui poser des questions, à lui dire que c’est peut-être pas la meilleure solution. Parle Luca. Parle et tu te sentiras mieux. Mais elle, elle n’a pas envie de leur parler. Du moins pas à eux.

« Se changer les idées… » Murmure-t-elle d’une voix rêveuse. C’est ce que tout le monde essaie de faire. Se changer les idées, se vider la tête pour la remplir d’autres occupations, beaucoup plus futiles et bien moins douloureuses. « On a tous besoin de ça, hm ? » Demande-t-elle sans vraiment attendre de réponse. Elle incline sa tête, imaginant quelques instants Theo dans son camp, à l’affut de la moindre tâche, de la moindre corvée à faire. Pour se changer les idées. C’est l’arrivée du serveur qui la sort de ses pensées. Elle parvient à grimacer un drôle de sourire, peut-être même pousser un râle en guise de remerciement – c’est tout ce dont elle est capable. Theo avale une gorgée de café. Elle prend une bouchée de pizza. Chacun sa stratégie pour cacher sa maladresse.

« Toujours aussi grouillante de vie. » Dit-elle une fois sa bouchée avalée. Elle a toujours apprécié l’ambiance de la Nouvelle-Rome, toujours pleine de divertissements. Une promesse d’avenir pour les demi-dieux qui, très souvent, sont incapables de s’adapter au monde romain. Une vraie ville, avec de vraies maisons, pour tous ceux ayant le mal du pays. Tout ce qui l’avait fait rêver quand elle avait découvert le Camp Jupiter. « Le monde continue de tourner. Les gens continuent de travailler, d’aller à l’université, de tenir leur café jour après jour. Des fois, je trouve ça génial de voir que rien ne s’est arrêté. À d’autres moments, j’ai juste envie de hurler quand j’ai l’impression que tout le monde a déjà oublié. » Avoue-t-elle piteusement, baissant les yeux sur sa pizza.
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Theodore A. Brennan
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luca & theodore

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Le sourire de Luca, bien que léger, est comme une minuscule victoire. Quelque part, il a conscience qu'elle n'est pas la Luca qu'il connaît avec tout le monde. Qu'ils sont dans leur bulle quand ils sont ensemble, un peu plus confortable que le reste du monde, où ils n'ont pas à prétendre et peuvent juste souffler quelques instants. Il a conscience que Luca ne montre pas ce qu'il lui montre à tout le monde, et quelque part, ça le rend fier. Ca le rassure, aussi. Parce qu'il ose aussi, avec elle, être un peu plus lui-même. Il parvient à se détendre en sa présence, éloigné de la tension des camps et accompagné de la présence apaisante de la romaine. Il hoche la tête avec un sourire qui lui pince le coin des lèvres. "Ce dont on aurait tous besoin, c'est dix ans de thérapie." Il marmonne finalement. "Mais se changer les idées, c'est une bonne alternative, j'imagine." Il ajoute dans un soupir léger, son ton un peu moins détaché qu'il ne l'aurait voulu. Il trouve ça con, parfois. Il s'en sort bien, comparé aux autres - Luca, Declan, tous ceux qui ont des responsabilités qu'il n'a pas. Eux doivent tenir pour leur camp, pour leur image. Theodore, il n'a jamais eu à tenir pour qui que ce soit, de toute façon, il n'a jamais tenu. Et ça n'a pas trop d'importance, si ce n'est que ça lui refile l'image du gamin trop faible et terrifié qui erre dans le camp comme un fantôme un peu flou. Les autres, s'ils faiblissent, c'est le camp ou la cohorte ou le bungalow ou le monde qui faiblit avec. Il ne sait pas comment fait Luca. Il n'en dit pas un mot - il ne voit pas trop ce qu'il pourrait dire, je t'admire, je t'envie, ou comment tu fais pour gérer ça, parce que clairement, personne ne gère ça, ils font juste semblant plus ou moins bien.

Le café lui brûle les lèvres et il les pince le temps que la sensation s'efface, il ne touche pas à sa salade, regarde juste Luca manger. Il esquisse un sourire léger à l'image que Luca lui peint, la Nouvelle Rome en vie et à peine froissée par les évènements. Mais il comprend ce que veut dire Luca. Il ressent ça quand il observe les mortels dans la rue, leur ignorance lui donne envie de hurler parfois. Mais ils ont l'avantage de l'ignorance, un avantage que la Nouvelle Rome n'a pas. "La vie continue," il finit par dire, d'un ton neutre. "C'est juste nous qui sommes bloqués parce qu'on n'arrive pas à oublier." C'est ça, d'envoyer des adolescents sur le champ de bataille. Ca leur imprime des images dans l'esprit qu'ils ne sauront jamais effacer. Et puis, ils sont partagés entre oublier et aller de l'avant, et se rappeler pour ne pas insulter ceux qui sont partis. Il plonge le nez dans son café pour que le visage de Jules disparaisse de son esprit. Il tend la main pour voler un morceau de pizza à Luca, goûte juste une bouchée, et grimace. Son estomac se retourne, et il adresse une moue d'excuse à Luca, avant de reposer la part de pizza sans aucune intention d'y retoucher. "Même faire des choses normales comme ça, j'ai l'impression d'être... je sais pas, un imposteur." Il n'est sûrement pas clair, mais c'est net dans son esprit. Il ne devrait pas être là, dans une pizzeria, alors que son frère et tant d'autres sont tombés pour les sauver eux et le monde entier. Ils devraient avoir un prix à payer, plus lourd que juste la culpabilité et l'anxiété. Mais rien ne leur tombe dessus. Et d'attendre, c'est encore pire.


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Luca M. Carnstairs
Luca M. Carnstairs
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Tandis qu’elle mange lentement elle voit bien que Theo ne touche pas à sa salade. Même quand il lui pique une part de pizza c’est tout juste s’il parvient à avaler une bouchée et ça, elle ne le comprend que trop bien. Après la bataille à la Colonie il lui avait fallu des jours pour pouvoir ravaler quoique ce soit. Ses joues s’étaient creusées, elle avait perdu du poids et, quand elle avait repris le sport, la différence l’avait heurtée de plein fouet. Elle avait mis du temps à retrouver ses anciens repères, elle avait du mal à retrouver l’appétit et tout restait encore très flou quand il s’agissait de manger. La situation de Theo lui était terriblement familière alors, lorsqu’il lui adressa un sourire désolé elle secoua la tête pour montrer que ce n’était rien.

« Au moins, ça montre qu’on est encore humains. Ressentir quelque chose. Ne pas oublier. On est peut-être pas totalement vivants, mais on n’est pas morts pour autant. » Elle baisse les yeux sur sa part de pizza et rajoute d’une toute petite voix. « Enfin c’est ce que j’essaie de me dire. » Au camp, tout le monde s’inquiète de son masque de froideur, de son indifférence totale, de son manque de réaction. Tristement ironique. Elle est infoutue d’appliquer les conseils qu’elle donne aux autres pour elle-même alors qu’il s’agit du même problème. « Si tu étais un vrai imposteur, tu ne serais pas ici avec moi à essayer de soulager un peu ton cœur. T’aurais repris ta vie d’avant comme si rien ne s’était passé ou pire, comme si tout ce qui s’était passé n’avait au final aucun sens. »

Elle hausse lentement les sourcils et termine sa part de pizza en silence, réfléchissant avec précaution aux mots qu’elle vient de prononcer. Elle est sûrement très maladroite avec ses mots, encore plus que d’habitude. Mais ça encore c’est un point commun avec Theodore, comme leur incapacité à oublier, leur difficulté à rester dans leurs camps respectifs trop longtemps. Et c’est peut-être pour cette ressemblance qu’elle tient tant que ça à rassurer ne serait-ce qu’un peu son ami. Pour tout ce que leurs rendez-vous lui apportent déjà, mais aussi peut-être parce qu’en l’aidant à penser à autre chose alors elle-même pourra tourner la page, comme un jeu de miroir. Et ce peut-être là, elle y tient beaucoup. C’est son petit espoir, l’infime possibilité qu’un jour elle puisse à nouveau aller de l’avant.
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Theodore A. Brennan
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luca & theodore

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Il comprend ce que veut dire Luca. Mine de rien, les souvenirs, les cicatrices, la difficulté avec laquelle ils naviguent d'un jour à l'autre en s'y traînant tant bien que mal, ça leur montre qu'ils sont en vie aussi. Qu'ils sont toujours là. D'autres n'ont pas eu cette chance. Il faut juste qu'ils se rentrent dans la tête que c'est de la chance, justement. Qu'ils acceptent que c'est pas une question de qui l'a mérité, mais que c'est comme ça et qu'ils n'y peuvent rien. Pas plus qu'ils n'y peuvent quelque chose pour ceux qu'ils ont perdu ou ceux qui ont été trop abîmé par la guerre. Faut faire avec. C'est plus facile à dire qu'à faire, comme le reste. Lui, il se sent comme un fantôme. Il a beau ressentir la perte, la douleur et le reste, il ne se sent pas vivant pour autant. Il a l'impression que les regards lui passent à travers et que les mots ne l'atteignent plus. "Faut juste avancer jusqu'à ce qu'on se sente plus vivants que morts." Il se contente d'ajoute, la voix basse. Il a les yeux posés sur le café qui reste dans sa tasse.

Quand Luca reprend, il relève les yeux et le coin de ses lèvres se redresse légèrement. Un remerciement silencieux. "C'est le complexe du survivant, il paraît." Il fait une pause. "Y'aura toujours quelqu'un qu'on aura perdu pour qui on se dira, ça aurait dû être moi. Comme Jules." Il prononce son prénom comme il le fait toujours, d'une voix douce et un peu brisée. Il ne sait plus le dire autrement. Il ne l'a pas fait depuis très longtemps. Il a beau se raccrocher à ses souvenirs, c'est impossible de conserver son sourire et le ton chargé d'affection qu'il utilisait autrefois. Il vide sa tasse de café, et la repose silencieusement. C'est en voyant l'un des clients à une autre table que ça lui revient en tête. "Ca me fait penser que je t'ai ramené un truc." Il se penche pour attraper son sac, posé à ses pieds, fouille dedans pendant une minute, et en ressort la boîte en carton aux coins abîmés. "Je l'ai trouvé dans un vieux magasin à Lewisburg." Il la lui tend. A l'intérieur, c'est un polaroïd. Abîmé, vendu à un prix tellement bas qu'il n'a pas pu résister. Il en a un, lui aussi, qui est resté au camp. Il ne s'en sert pas des masses - son portable suffit pour les photos, mais il y tient. "Je regrette de pas avoir assez de souvenirs concrets." Il ne dit pas, la guerre les a ternis, mais il le pense. "C'est un moyen de se changer les idées. J'ai pensé que ça pourrait te plaire aussi." Il se sent stupide, parce que c'est stupide, mais ça l'aide lui, et si ça peut aider Luca, de capturer les bons souvenirs et de les regarder quand les mauvais sont trop envahissants, alors il veut bien être stupide. Il lui adresse un bref sourire, avant de reposer le regard sur les clients un peu plus loin, gêné.


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Luca M. Carnstairs
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Theo parle du complexe du survivant et mentionne Jules d’une voix un peu brisée. Luca remarque mais ne fait pas de commentaires. Elle saurait pas quoi dire, de toute façon. C’est sa cicatrice à lui, tout comme elle a la sienne. Jules, Grace. Chacun a son lot de souvenirs douloureux. Elle hoche la tête doucement, répétant dans sa tête son prénom jusqu’à ce qu’il sonne n’importe comment. Le complexe du survivant, hein ? Luca savait que sa place était chez les vivants. Elle savait qu’elle gagnerait. En revanche, elle savait pas à quel prix elle devrait gagner. Perdre Grace c’était pire que perdre. Ses yeux la brûlent mais elle arrive même pas à faire semblant d’être émue.

C’est la voix de Theo qui la fait sortir de sa torpeur. Elle relève la tête et le voit fouiller dans son sac pour en sortir une vieille boîte en carton, un peu abîmée. Il la lui tend et elle la prend dans ses mains sans arriver à comprendre ce que c’est ou pourquoi il lui offre ça – est-ce que c’était prévu ? est-ce qu’elle est censée lui offrir autre chose ? Elle a pas le temps de se poser d’autres questions. Il lui explique que ça pourrait lui changer les idées, créer des souvenirs concrets. Luca pousse son assiette et pose la boîte sur la table avant de l’ouvrir, découvrant un vieux polaroïd – et par vieux, elle veut dire très vieux. Ça l'empêche pas d’esquisser un sourire, un vrai, un sincère. « Merci. » Murmure-t-elle tout doucement en sortant l’appareil de la boîte avec milles précautions, comme s’il pouvait se briser au moindre instant. « Je sais pas trop quoi te dire. C’est vraiment gentil de ta part. » Souffle-t-elle en manipulant l’appareil, plaçant son œil pour regarder à travers l’objectif. Pendant un instant elle a l’impression d’être à nouveau une enfant, bien avant que toute sa vie ne tourne au drame, avant les compétitions, avant Lupa et les épreuves, avant le Camp Jupiter, avant les guerres, avant tout le reste.

Soudainement, une idée lui traverse l’esprit. Elle redresse la tête et observe Theo qui semble presque autant mal à l’aise qu’elle. Peut-être qu’il va pas aimer l’idée – à sa place, elle détesterait. Mais un polaroïd, c’est fait pour capturer des instants heureux. Et ça serait mentir de dire qu’elle ne passe pas un bon moment avec lui, à discuter loin des tracas de leurs vies respectives. Depuis la bataille contre Sol leurs rencontres lui ont servi d’échappatoire. S’il y a bien un instant à capturer c’est celui-ci.

« Je vais te prendre en photo. Tu peux regarder ailleurs, ou même te cacher… C’est juste pour, tu sais, immortaliser l’instant. » Dit-elle tout doucement avant d’essayer de cadrer le mieux possible la scène. Elle compte silencieusement jusqu’à trois et appuie sur le bouton. Elle repose le polaroïd sur la table et tire la petite feuille qui sort de la boîte instantanée, même s’il faudra plusieurs minutes pour que toutes les couleurs apparaissent. Un petit sourire étire ses lèvres. « Merci. » Répète-t-elle encore une fois. « Si j’avais su je t’aurais aussi ramené quelque chose, un p’tit truc de la Nouvelle Rome peut-être. »
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Theodore A. Brennan
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luca & theodore

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Il se sent toujours un peu stupide, quand il fait des petits cadeaux, comme ça. (Il se sent toujours un peu stupide, à vrai dire.) Il regarde Luca écarter son assiette, et il ne peut pas s'empêcher d'être gêné. Il le fait souvent, penser aux gens quand il erre dans les vieux magasins et les boutiques d'antiquités. C'est un peu son moyen de dire, je pense à toi, même si je parle pas beaucoup, je t'aime bien quand même. C'est pas comme s'il allait être capable de le leur dire à voix haute. Il guette la réaction de Luca avec une certaine appréhension, et le sourire qu'elle affiche enlève un poids de sa poitrine. Il lui répond d'un sourire léger, hausse une épaule. "T'es pas obligée de dire quoi que ce soit, ça, eum. Ca me fait plaisir que ça te plaise." C'est un peu maladroit, la façon dont il le dit, mais c'est vrai. Si Luca apprécie, alors il en est heureux aussi. C'était le but. Et ils se ressemblent un peu, alors peut-être qu'elle aussi appréciera de se changer les idées une fois l'appareil entre les mains. Les quelques photos enfermées dans une boîte dans sa chambre du camp l'aident, souvent. A se rappeler que parfois, c'est pas si mal d'être en vie, même si ce n'est pas toujours la joie.

Luca reprend la parole, et il prend un air un peu gêné, se tortille sur sa chaise. Mais il ne peut pas refuser - il l'a cherché, après tout. Puis, ça le touche que Luca veuille le prendre en photo. Comme s'il était un des bons côtés de la vie qu'ils ont aujourd'hui. Luca en fait partie pour lui, mais il se demande souvent si elle n'accepte pas sa présence par pitié plus qu'autre chose. Il espère que non - et là, ce moment, ça lui montre que ce n'est peut être pas le cas. Plutôt que de regarder ailleurs ou de faire quoi que ce soit, il finit par regarder droit dans l'objectif, l'air un peu embarrassé, mal à l'aise. Il parvient quand même à esquisser un sourire pas très convaincant, juste avant qu'elle n'appuie sur le bouton. Il garde les yeux sur la photo, juste pour voir les couleurs apparaître peu à peu. C'est lent, mais il aime bien - c'est ce qu'il préfère dans les polaroïds. L'espèce de magie quand l'image apparaît, d'abord fade et immatérielle, comme dans un rêve.
Il se radosse contre sa chaise, un peu plus à l'aise maintenant que Luca a reposé l'appareil. A sa réflexion, il secoue la tête brièvement. "Ils ont des boutiques de souvenirs, à la Nouvelle Rome ?" demande-t-il finalement avec un petit rire. Il laisse passer une seconde, puis reprend plus sérieusement. "T'as pas besoin de me ramener des trucs. J'ai pas fait ça pour avoir quelque chose en retour, je suis juste content que tu sois là." C'est le mieux qu'il puisse faire pour exprimer sa gratitude quant à la présence de Luca - ici, dans sa vie, en général. Elle l'aide à guérir. Il espère qu'il peut faire la même chose pour elle. Brièvement, pour reprendre une certaine contenance, il arrête l'un des serveurs pour demander un nouveau café d'une voix timide. Quand il repose les yeux sur Luca, il reste silencieux un moment. La radio, à un volume étouffé, diffuse des hits un peu trop joyeux à son goût. Son café est posé sur la table, et il pose une main autour de la tasse, laisse la chaleur imprégner sa paume. La radio annonce des orages dans certaines parties de l'état, et ça lui tire un sourire amusé. "Reste à l'abri, ce soir." Il murmure, avec un geste en direction des hauts parleurs qui diffusent la voix rapide et claire de l'animateur radio. Maintenant, chaque fois qu'un orage frappe, il se rappelle la nuit un peu irréelle qu'ils ont passée à attendre que la tempête passe. Mine de rien, ce n'est pas un mauvais souvenir.


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