Ils étaient là, tous les deux, en train de courir sur la plage de manière totalement insouciante. Il riaient, s'amusaient, jouaient à ce stupide jeu de confiance en se mettant sous les douches en bord de plage pour voir si ils avaient assez confiance en l'autre pour ne pas appuyer et bien sûr l'un comme l'autre appuyaient à chaque fois. Il y avait Finnegan d'un côté, un jeune garçon blond de l'autre. Son nom ? Isaac. Il était, à l'origine, un presque dommage collatérale au cours d'une quête sur laquelle avait été envoyé Fox. Un terrible échec un désastre même, lancé sur la piste de monstres causant des problèmes et s'étant avérés plus nombreux que prévu. Finnegan s'était défendu comme jamais, mais dans la panique il avait mis le feu à un immeuble, feu où il aurait sûrement laissé la vie si il n'y avait pas eut ce garçon pour le tirer de là, sortant de justesse. Le reste avait été flou, mais il avait fini par se réveiller dans ce vieux motel en bord de mer avec ce si charmant blondinet à son chevet. Un autre demi-dieu, un qui avait été attiré par le grabuge provoqué par Fox et l'avait sauvé bien qu'il avait surtout failli y laisser sa peau aussi. Cela aurait pu se terminer ainsi, mais Finn avait été bien plus qu'il ne l'aurait aimé et donc, pour un temps, était forcé de rester loin de la colonie, incapable même de les prévenir le temps que ses blessures soit totalement guérit et Isaac aida sur ce point, semblant posséder de bonnes habilités dans le domaine.

Mais surtout, ce petit moment loin de tout, loin de la colonie, loin des troubles actuels avec Cronos et ses partisans, dont il avait eut peur que Isaac fasse partit, lui avait permis de... prendre un moment de pause dans sa vie de demi-dieu et de guerre à venir. Chouchouté, dorloté, il avait fini par franchement se rapprocher de son bel infirmier. Fils d'Apollon d'ailleurs pensait-il mais ça... disons qu'à cette époque Isaac n'avait jamais pu lui donner la moindre confirmation. Quoi qu'il en soit, ce qui avait d'abord été un service rendu s'était peu à peu transformé en franche amitié avant de devenir... plus ? Oui, il y avait définitivement quelque chose de plus qui avait fini par se développer entre eux. Et rapidement ils ont profité de cette parenthèse vis à vis du reste du monde plus seulement pour soigner Finn et l'aider dans sa rééducation, mais pour apprendre à se connaître. Et cela avait mené à des moments comme celui ci où, après s'être dépensé comme jamais, ils finissaient allongés dans le sable, regardant le soleil lentement se coucher tandis qu'ils parlaient de tout et de rien et se posaient mille questions. Isaac aimait notamment entendre l'histoire de Finnegan, sa naissance tout cela. Il trouvait cela particulièrement amusant quand ce dernier lui racontait que sa mère, Hécate, n'avait rien trouvé de mieux que de le déposer à un carrefour et de provoquer un accident de la route à son père pour qu'il le trouve. Il était hilare aussi chaque fois que Finn lui expliquait que pendant longtemps... il a vraiment cru que son arrivée avait été un erreur, possédant certes un don de voir à travers la brume et rien d'autre, rien d'autre car il n'avait jamais eut la putain de brillante idée de prendre une torche à la main et de voir que tous ses dons étaient liés à cela. En vrai Isaac semblait en réalité plus intéressé dans ses histoires par le fait de pouvoir se foutre de sa gueule mais ce con avait toujours l'arme ultime chaque fois que Finn était sur le point de faire du boudin. Chaque fois qu'il était sur le point de se vexer il venait l'embrasser et d'un coup... d'un coup tout cela n'avait plus d'importance, devant même amusant à ses yeux aussi mais surtout... Fox aurait été capable de mourir rien que pour goûter une fois de plus à ses lèvres.

Oui, à ce stade le jeune fils d'Hécate était déjà éperdument amoureux du blondinet et ils en étaient déjà au point où, ensembles, ils imaginaient milles et une aventure qu'ils pourraient vivre ensembles. Isaac et Finnegan, explorateur du monde et même intergalactique, imaginant l'idée absurde, si cela était possible, de se créer un vaisseau spatial et visiter chaque système solaire tandis qu'ils pointaient des étoiles aux hasard dans le ciel nocturne, tous juste protégés par un feu de plage. Bien sûr ils savaient que tout cela était irréel, totalement improbable aussi car ils avaient été clair dès le début, viendrait sans doute le moment où ils devraient se séparer, Finnegan pour retourner à la colonie, Isaac pour retourner au vagabondage. Mais ils ne préféraient pas trop en parler, pas trop y penser même si au fond... au fond Finnegan était faible car il espérait qu'ils enverraient chier tout ça pour rester ensembles, quitte à quitter la colonie pour le suivre au bout du monde. Voila l'effet que Isaac avait sur lui, voilà ce qu'il provoquait dans son corps, dans son esprit, chaque fois qu'il venait l'embrasser, chaque fois que ses mains venaient glisser le long de son corps, chaque fois que leurs corps finissaient par s'entre-mêler dans la plus gracieuse et intime des danses.

Mais le rêve devait prendre fin un jour. Finn allait mieux... depuis bien longtemps. Et les choses dehors ne faisaient que s'aggraver. Sa conscience... ou plutôt Isaac ne lui permettait pas de faire taire cette petite voix qui lui disait qu'il devait rentrer car bientôt... peut être pas demain mais bientôt tout de même... la guerre éclaterait et qu'il ne pourrait jamais supporter d'être resté au loin au lieu d'aider ses camarades. Et Finnegan savait qu'il avait raison et c'était bien ce qu'il y avait de plus horrible. Tout comme il avait envie de le supplier de venir à la colonie avec lui, de ne pas l'abandonner, mais il ne voulait pas que cela se termine sur ça... sur des supplications. Alors à la place ils passèrent une journée comme toute les autres, ou du moins presque, passant la journée dans le lit, dans les bras l'un de l'autre à continuer leur stupide jeu de questions-réponses et à se faire du mal en imaginant des avenirs qui n'auraient jamais lieu. Dans le tas il y avait des questions stupide, comme le fait d'avoir une télé dans la chambre ou non, l'envie d'avoir une maison donnant sur la mer pour leur rappeler ces moments passer ici mais aussi... cette question stupide : Si ils en étaient biologiquement capables, est-ce que Finn aurait voulu avoir un enfant de lui ? La réponse était oui bien sûr, mille fois oui ! Bien sûr il n'avait jamais réellement réfléchit à l'idée de devenir père, l'idée lui paraissant tellement absurde. Seulement l'optique de pouvoir engendrer un enfant de cette relation était vraiment belle et rêveuse, tellement rêveuse qu'il ne se rendit pas réellement compte à quel point cette question semblait importante pour Isaac.

Puis le temps passa, le jour déclina et leur dernière nuit ensemble arriva. Et qui disait dernière nuit disait aussi dernier baisers, dernière fois et dernière image de son beau visage avant de rejoindre le pays des songes. Il le savait, il ne serait plus là à son réveil, c'était là leur marché. Quand le sommeil fini par le gagner, il ne se souvint que d'une phrase, murmurée tandis que son esprit était encore engourdit : Je te le promet, il te restera quelque chose de ce beau moment, pour te souvenir de tout ça. Phrase qui, sur le coup, il pensait avoir rêvé. Du reste le réveil fut difficile... difficile car il n'était finalement pas prêt à se retrouver seul dans cette chambre, chambre qui avait été leur sanctuaire et qui à présent, dénué de toute vie à par la sienne, semblait terriblement morne et grise. Ce fut le cœur lourd qu'il fit le chemin pour retourner à Long Island. Particulièrement long aussi, sa quête l'ayant mené sur la côte Ouest des États-Unis. Et pendant tout ce temps il ne put s'empêcher de repenser à ces temps passés avec Isaac et qui allait le hanter pendant un moment, ayant l'impression d'avoir fait la plus grosse erreur de sa vie en le laissant partir. Mais quand il passa la barrière de la colonie, traînant des pieds comme une âme en peine, tout le monde semblait rassembler autours du pavilon des Hermès, le regardant tous d'un coup tel un revenant. Sans doute le croyaient-ils mort, après tout c'était logique vu le temps qu'il avait passé loin du camp. Mais quand il alla pour s'expliquer des cris interrompirent avant qu'il n'ait eut le temps d'ouvrir la bouche, des cris d'enfant. Perplexe il s'approcha, tombant sur un de ses camarades tenant un enfant dans les bras, son enfant, à lui, Finnegan Fox, avec une lettre sur laquelle ne figurait rien de plus que le symbole d'Apollon et une fiole attaché à cette dernière avec un peu de sable dedans.