5 juillet 2017.

Au hasard
on compte nos défauts
on compte nos déboires
et l'on a ce qu'il faut

Les volutes de fumée s'élevèrent brièvement avant de disparaître. Mais la sensation de chaleur, elle, persistait sur sa peau. Le cracheur de fumée inspira profondément. Souffla à nouveau. Et les flammes qui surgirent furent plus grandes encore. Charlie frissonna malgré elle, et silencieusement, fit un pas sur le côté. Son cœur battait un peu plus fort, le regard hésitait pour se poser sur un point fixe, les poils de ses bras vibraient d'une vie nouvelle. Elle se força à respirer avec calme, et pourtant, le souvenir de la fumée mourante s'invita dans sa gorge.

A nos yeux
parmi tous les jardins
l'herbe n'est jamais mieux
mieux que chez le voisin

Le cœur au bord des lèvres, et la colère qui gronde tout bas, la brune s'échappa dans une direction au hasard. L'amertume s'inscrivit sur ses traits avant qu'elle n'avance d'un pas plus vif. Se laisser toucher par ce genre de choses ne devrait pas être possible. Ça l'agace, voire ça l'énerve. Ses mains vibrent alors elle les glisse dans ses cheveux, détachant la queue de cheval par mégarde. Le détail n'est qu'une goutte d'eau qui vient s'ajouter au vase. Bordel. Elle aspire une grande bouffée d'air par le nez et essaye que son thorax ne bouge pas. Elle ne veut pas qu'on remarque le mouvement. Alors elle tourne le dos à la foule, elle entre dans le premier bâtiment venu, elle s'immerge dans l'obscurité sans prendre garde aux lieux. Ça ne peut pas être pire. Et il n'y a pas de bruits. Pas de gestes brusques. Personne à l'entrée. C'est mieux, bien mieux. Elle avance sur quelques mètres, tourne à droite, et continue. Avant de s'arrêter pour remonter ses cheveux à nouveau. Tenir quelque chose, occuper ses mains. Elle avance encore. Tourne à un moment, puis quand elle est sûre de rien percevoir, elle ferme les yeux durant quelques secondes.

Car on est jamais trop riche
et puis toujours trop pauvre
et les autres, on s'en fiche
jusqu'à ce qu'ils nous sauvent

Et quand elle les rouvre, le monde semble avoir changé. Ce n'est pas vrai, bien sûr. Mais elle percute enfin. Autour d'elle, les ombres mouvantes trouvent leur reflet. Leurs reflets même. Partout, les miroirs s'alignent, se courbent, font office de murs ou de frontières. La fille d'Hépha se fige, écarquille un peu les yeux. Et grogne. Parce que merde, cette journée n'est clairement pas la meilleure de l'été.