Pourquoi je m’étais engagée dans la mission ravitaillement ? Moi, j’étais chargée de cultiver, pas de faire les courses. Mais je m’étais dit que ça pourrait être fun. Et puis, c’était l’occasion de sortir sans trop craindre de se faire tuer par des monstres. Oh, je ne me faisais pas trop d’espoir, j’étais pratiquement sûre que j’allais me faire attaquer, il faudrait être naïf pour croire que ça ne puisse pas être le cas. Mais je pouvais compter sur les autres pour me sauver la vie. Bon, Nevh peut-être pas… mais Keith et Teagan géraient en combat. C’était bien pour ça qu’ils essayaient désespérément d’entraîner les autres, non ? Bref, je me retrouvais en voiture avec tout ce petit monde. Ma liste de course… En fait, j’avais carrément oublié qu’il fallait une liste de course ou même qu’on nous en avait donné une. Alors vous imaginez bien que je n’avais aucune idée de où elle était. Le trajet en voiture fut… long. En soit, la voiture ne me dérangeait pas du tout, mais là… J’ai dû me retenir pour ne pas dire à Keith de se calmer. Tout son stress venait m’envahir, entamant grandement ma bonne humeur. Et vu que Nevh c’était carrément bourré la gueule au point de somnoler à l’arrière, ça faisait que moi aussi, j’avais envie de dormir. Ce qui me rendait encore moins patiente. Surtout que je savais que si je dormais, j’allais me réveiller en plein cauchemar. Alors je sautais sur l’occasion, c’est-à-dire sur la demande de Nevh, pour mettre la musique à fond. Et peu importe que ce soit du Taylor Swift. Non, je mis le son tellement fort que ça faisait un peu mal aux tympans. Et je chantais. À tue-tête. Tout ce que je voulais, c’était que mon esprit ne se concentre exclusivement que sur les sons, pas sur les émotions. D’ailleurs, j’ouvrais même la fenêtre. Ça, ça m’éclaircissait les idées.

Bref, j’accueillais l’arrivée avec soulagement. Déjà, le fait que l’état de Keith s’améliore faisait que c’était beaucoup plus supportable. J’avais ressenti en même temps que lui cette libération. D’ailleurs, je ne comprenais pas vraiment pourquoi les voitures avaient un tel effet sur lui mais… j’avais pris pour habitude de ne pas parler des émotions que je ressentais par le biais de mon pouvoir… sauf si je ne le supporte plus. Donc je me contentais de me taire sur ce point. « Moi, je suis pour la paresse. Si on était venu à pied… On en aurait eu pour des mois… Et puis, comment est-ce qu’on aurait fait pour tout ramener ? Et la musique ? On aurait jamais pu danser sur Taylor Swift. Ça, ça aurait été vraiment dommage… » Puis j’entrais, écoutant distraitement les instructions. Non, je me contentais de regarder tout ce qu’il y avait autours de moi, la bouche bée, essayant de deviner ce qu’il y avait sur les étagères. Jusqu’à ce que Nevh m’attrape par le bras. « Ah mais c’est vrai ! Comment est-ce qu’on a pu rater une telle chose ? Tu vas voir, on va ressembler à une vrai famille américaine. C’est moi qui pousse le chariot ! » Et je le poussais tout en montant dessus, mon bassin contre la poignée, le corps à l’horizontal. Je ne sais pas comment j’ai fait pour ne pas tomber mais… j’ai géré. « Hey ! On pari combien que t’arrives pas à faire aussi bien que moi ? » J’étais joueuse pour le coup. Me retrouver dans un groupe de deux était beaucoup plus supportable, et j’adorais Nevh. En plus, je savais qu’avec lui, si je ne supportais plus mon pouvoir, je pouvais lui demander de me rendre ivre. Génial, n’est-ce pas. Je le regardais secouer la cloche et… je m’émerveillais devant l’arc-en-ciel qui se forma. Du coup, je me précipitais pour prendre la cloche et la secouer frénétiquement. « Hey, mais c’est génial ! » Et comme il avait demandé la chose à ne pas faire… Je me précipitais sur l’aura. « Coucou ! Je me demandais… est-ce que vous pouvez-faire tomber la neige, vous déguiser en père-noël et demander à certains de vos copains de faire les lutins ? Comme ça, j’aurais l’impression de faire des courses de noël, ça m’aidera pour l’inspiration. Je vous assure, ce sera tout bénef’ pour votre boutique… » Et je me mis à leur faire des petits yeux de chiens battus. Franchement, j’espérais qu’ils allaient dire oui, parce que ce serait magique. Et je défiais Nevh de trouver mieux. À moi l’alcool ! Quant à la nourriture de manticore… j’étais d’accord, mais seulement pour imaginer la tête de Declan lorsqu’il aura capté ce qu’il avait mangé. « Ou sinon, on pourrait faire exprès de remplacer les ingrédients par des trucs ressemblant, mais qui ont pas du tout le même goût… Par exemple, le sel et le sucre, des piments et des poivrons, de la farine et du sucre en poudre, enfin tu vois le truc ? Ça devrais faire trop bizarre comme nourriture à la fin. En fait, ça me donne même envie de tester. On découvrira peut-être des choses extra-ordinaires… » J’étais en train d’imaginer, culinairement parlant ce que ça pourrait donner.

(hrp : lancé de dé -> 2 = Edel' arrive à glisser sur le chariot)

Je grimaçais légèrement en ressentant l’humeur de Nevh. Je pouvais pas m’empêcher. La colère qu’il ressentait… Là, je n’avais qu’une seule envie… C’était taper et casser tout ce qui m’entourait… Du coup, je me contentais de piquer sa bouteille pour boire quelques gorgées. Et là, je pouvais dire que j’m’en fichais de sa réaction. Ouh ! C’était pas bon ça. Nevh commençait à déteindre sur moi. Nouvelle gorgée avant de lui rendre la bouteille. Et à nouveau, je souris. « Eh bien au moins, si tu gagne, tu n’auras pas de gage… Je penses que tu n’aurais pas envie de te passer une journée à dire des gentillesses à tout ceux que tu croises… et en étant sincère en plus… » Une fois que j’eu finis de glisser sur le chariot, je me tournais à nouveau vers lui, en souriant. « Oui, voilà, ça sera ça ton gage… Alors, toujours pas motivé ? » En tout cas, moi je l’étais. Juste pour voir Nevh avec un sourire niais à dire des mots gentils à tout le monde. Et surtout pour voir la réaction des autres. Après tout, je penses que c’était du jamais vu. Et du coup, j’étais fière de ma demande. Impossible pour Nevh de faire mieux que ça… Enfin, c’était vrai qu’il arrivait toujours à me surprendre… Mais là, non, il n’allait pas réussir… Sauf qu’il fallait que l’aura accepte ma demande… ce qui semblait assez mal parti. Bon… Je n’irais pas jusqu’à me plaindre par Iris mail. Les auras avaient l’air sympa après tout. Mais je n’allais pas empêcher Nevh de jouer les mauvais flics… Même si je ne pensais pas qu’il jouait vraiment… Mais je l’aimais bien mon frangin, même avec son caractère de cochon. Bon, quand l’aura disparut, je me résignais à ne pas avoir mon Noël en retard. Tant pis… Bon, j’étais un peu triste parce que ça aurait été vraiment cool mais… j’allais bien trouver d’autres choses pour m’amuser… Bon, pour le chariot, c’était un peu mort, vu que Nevh venait de monter dessus… Mais je voulais voir comment il s’en sortait.

Et là… Là, j’avais le meilleur cadeau de tous les temps. Je sautais en l’air, lançant de hourras. Et je me précipitais pour serrer Nevh et les auras dans mes bras. Et même Nevh éclata de rire. D’un autre côté, il avait fait un véritable strike avec les auras. « Ah ! Moi, je suis toujours partante… Mais je suis pas sûre que les auras acceptent d’être prises pour des quilles… Mais promis, si tu veux, dès qu’on rentre au troisième camp, je te trouve un chariot et je te construits des quilles avec des têtes d’aura en lutin… Bon, je te promet pas de la qualité du résultat, je suis pas une artiste dans l’âme… » En tout cas, c’était décidé, j’allais le faire. Et je pris un stylo qui était sur l’étagère pour le noter sur ma main, histoire de ne pas oublier. Et quand Nevh s’inclina face à mon idée… J’entrepris une danse de la victoire. « Ok, je te jure, je ne vais te quitter d’une semelle demain ! Je veux te voir lancer des fleurs à tout ceux que tu croises… Oui, oui, je sais, je suis ta petite soeur préférée… Moi aussi je t’aime mon grand frère d’amour… » Et je lui lançais un regard mielleux. Même si mon regard n’était pas aussi acéré que le sien… Disons que j’avais hâte de voir le résultat demain. Du coup, je le notais aussi sur ma main. Puis, comme j’étais lancée et que je me sentais l’âme d’un artiste, je me tournais vers Nevh : « Attend, ne bouge pas ! » Et je m’approchais avec mon stylo, dans l’idée de lui dessiner une superbe moustache à la Hercule Poirot et un monocle. À voir s’il allait me laisser faire. Ensuite, je lui tendis le stylo. « Allez vas-y, je suis gentille, fais-toi plaisir. » Et ce n’est qu’une fois que je repris le stylo que je me rendis compte qu’il était indélébile. Mince… Qu’est-ce que Nevh m’avait dessiné ? au pire…. J’étais sûre que ça me ferait un look d’enfer. Je secouais la tête. Je connaissais Nevh depuis tellement longtemps. Disons que ses piques ne me perturbaient pas plus que ça… la seule chose qui me touchait, c’était ses émotions. J’observais la tasse que Nevh me montrait. S’il y avait quelqu’un que je ne considérais pas comme mon père, c’était Dionysos. Sortant mon stylo, je lançais un sourire entendu à Nevh : « Et si on lui donnait un nouveau look ? Alors… Qu’est-ce que Cristina Cordoula trouverais à critiquer… » Il y avait tellement de choses que je ne savais pas pour où commencer. Quant à la liste… « Bah non… On en avait une ? Au pire, on s’en fiche, on prend ce qui nous fait plaisir… Et je suis désolée, mon idée pour la nourriture est juste géniale. du coup, je vais m’arranger pour des trucs ressemblant en visu et pas du tout au goût… » Et je commençais à remplir le chariot. Et là… Mes yeux se mirent à briller. Je venais de voir l’intégral des DVD de Nils Holgersson. Toute mon enfance (famille fermière oblige). J’adorais ces dessins animés, mais impossible de les retrouver… alors là… « Ooooh ! regarde ! Nils Holgersson ! Depuis le temps que je le cherche ! » Et là, je me mis à escalader pour attraper le St Graal… Sauf que les étagères étaient pas faites pour supporter mon poids. Et que… tout s’effondra… Et moi avec… Une chance, je me retrouvais dessus et pas dessous. Mais je poussais un cris à glacer le sang. « Aaaaaaaah ! » Et voilà comment je me retrouvais au milieux de milliers d’articles… Je penses pas que les auras allaient apprécier…

(hrp : lancé de dé -> 3 = Edel' se rend compte que le stylo est indélébile et 3 = Edel' essaie d'atteindre un article en escaladant l'étagère mais la fait tomber)

Comment ça elle avait loupé le départ pour le ravitaillement ? Grimaçant, Alice se passa la main dans les cheveux et accéléra le rythme. Pas envie de se prendre une remontrance par Declan. Mignon le garçon, mais pas cool lorsqu'il était mécontent. Un truc dans le regard qui t'fait sentir tout petit. Et Alice préférait éviter ça. Donc, dès qu'elle fut à l'air libre, elle se débrouilla pour choisir le meilleur trajet – merci google maps – et se lança à la poursuite des quatre demi-dieux.

Ce ne fut qu'une fois arrivée au supermarché qu'elle put savoir si elle était à la traîne de beaucoup ou de vraiment beaucoup. Une aura l'avertit avec un sourire éblouissant que ses camarades voyageaient de rayon en rayon depuis une vingtaine de minutes, avant de disparaître soudainement. Alice cligna des yeux et pouffa doucement. « Je vois... » Amusée, elle tourna le visage vers les différents rayons bien alignés, dont les couleurs lui donnaient l'impression d'avoir des problèmes de vue. Ou d'avoir pris un truc pas net avant de venir.

Puis, elle se rapprocha de l'accueil et parlementa avec l'une des auras plantées là. Gentilles les demoiselles, mais un peu éthérées dans leur genre. Rassurant l'employée avec de douces paroles, la fille de Demeter finit par obtenir gain de cause et attrapa délicatement le micro. Toussotant pour préparer sa voix, elle appuya sur le bouton qui connectait le son à tout le magasin. « Miss Teagan est demandée à l'accueil, je répète, miss Teagan. Les autres, continuez vos recherches. » Elle attendit quelques instants avant qu'une jolie brune ne se pointe dans sa direction. Alice lui sourit par habitude, et avec sincérité bien sûr, avant de s'approcher. « Ton frère a besoin de toi au camp, je prends la relève. » Puis elle lui tendit un billet de train qui la conduirait rapidement à Sanford. « On se voit une fois à la maison. » Doucement, elle lui caressa l'épaule et la dépassa pour entrer dans un rayon.