Pas d'pierre, pas d'construction. Pas d'construction, pas d'palais. Pas d'palais... pas d'palais.
LETTRE 1
Le 3 décembre 2000
École maternelle « Les petites chenilles »
Orlando, Floride
Madame Alatir,
Nous vous remercions pour la confiance que vous nous avez accordé en confiant votre fils, Travis Alatir, à notre établissement. Nous sommes cependant au regret de devoir vous annoncer que nous ne pourrons accueillir plus longtemps votre enfant dans nos locaux.
Notre école est un lieu où nous nous sommes donné pour mission d'assurer une sécurité totale pour nos élèves et nous sommes dans l'incapacité d'exécuter cette mission avec votre fils parmi nous. Tavis est un gentil garçon, mais nos enseignants, qui sont de véritables professionnels dans le milieu de l'enfance, ne parviennent pas à le tenir. Déjà deux d'entre eux nous ont remis leurs démissions et l'une est actuellement en congé maladie. Nous ne nous permettrons pas d'accuser directement votre fils de ces démissions et de ce congé, mais nous ne pouvons vous cacher qu'il en est en partie responsable. Certains parents nous ont envoyé des plaintes et nous demandent de placer leurs enfants dans une autre classe que celle de Travis. Nos effectifs ne nous permettant pas d'ouvrir une classe pour y mettre seulement Travis, nous ne pouvons le garder.
Parmi tous ce qu'a pu faire votre fils, je ne citerai que les exemples les plus reluisant de son impressionnant palmarès : entre autre, nous avons d'innombrables cas de vols, dont celui de tous les bijoux de l'une de nos enseignantes alors même qu'elle les portait ou encore celui totalement inexplicable du sous vêtement d'un surveillant pendant la récréation. On compte également des grèves du travail et des mutineries, cas où votre fils a entraîné tous les autres enfants de sa classe qui ont enfermé leur professeur et son assistante dans le placard à peinture, des tags de bonhommes patate aux visages agressifs sur les infrastructures de l'école et j'en passe...
Madame, Travis n'a que 5 ans et il effraie la plupart de notre personnel, même les cantinières ont peur de le servir parce qu'il déclenche systématiquement des batailles de nourriture et que ce sont elles qu'il vise à chaque fois. De plus, votre fils a inventé un jeu parfaitement inacceptable qu'il appelle le « têteball » et qui consiste à balancer le plus de choses possibles dans l'épaisse chevelure bouclée de l'un de ses petits camarades. Le père dudit camarade m'a appelée hier soir pour se plaindre, jugeant intolérable que son fils puisse rentrer le soir avec 3 stylos et une boule de sapin de Noël dans les cheveux.
Une fois de plus madame Alatir, je m'en excuse, mais votre fils ne sera dorénavant plus accepté dans notre établissement. Cette décision est à effet immédiat.
Bien à vous,
Madame Fitz, directrice
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LETTRE 2
Le 14 avril 2004
Orlando
Madame Alatir,
Je démissionne.
Je sais que vous allez tenter de me retenir en me disant que ça ne fait qu'une semaine, sur les trois que j'étais censée faire, que je suis la babysitter des garçons, mais une semaine c'est déjà trop pour moi. Vous m'aviez affirmée qu'ils étaient gentils, un peu agités mais gentils. Permettez moi de vous contredire : vos enfants sont des monstres. J'en ai pour preuve qu'en seulement une semaine – et encore, ce n'étaient que 3 heures tous les soirs, je n'imagine même pas ce qu'ils peuvent faire en période scolaire à leurs professeurs dans le camps où vous les envoyez – ils ont failli me brûler vive en essayant de me pousser dans le four. En fait, c'est Connor qui m'a poussée, mais Travis était juste à côté à lire en hurlant le conte d'Hansel et Gretel en allemand sur un ton qui a failli me faire mourir de peur, je le considère donc comme responsable également. Ils ont aussi passé toute une soirée à me faire croire qu'ils ne se souvenaient plus de qui était Travis et qui était Connor au point de me rendre complètement folle et de m'en faire faire des cauchemars... Il y a même un jour où Travis ne parlait plus qu'en langage des signes et où Connor me traduisait tout ce qu'il disait, ce qui se résumait en une montagne de méchancetés.
Madame Alatir, je n'en peux plus. Je suis allée voir mon médecin suite à de nombreuses crises d'angoisse se déroulant juste avant d'aller chez vous pour garder vos enfants avant que vous ne partiez au travail, et je vous jure sur Dieu qu'il m'a affirmée que si je continuais à venir chez vous, j'y laisserai ma peau. Et honnêtement, si je meure dans votre maison, je n'ose même pas imaginer ce que feraient vos fils de ma dépouille. Hier soir, juste avant que vous ne rentriez, Travis était curieusement silencieux et j'ai eu le malheur de lui demander à quoi il pensait. Il m'a répondue qu'il se demandait combien ça pouvait se vendre des organes sur le marché noir, en précisant que vous aviez reçu un nouvel équipement de couteau de cuisine.
Vous allez probablement me dire qu'ils n'ont que 9 et 8 ans, qu'ils ne feraient pas de mal à une mouche mais croyez moi madame, si j'étais une mouche, je ne viendrai pas tenter le diable. Vos fils seraient capable de dépecer un chaton et de trouver ça drôle, j'en suis persuadée.
Je me suis permise de vous joindre le numéro de mon oncle. Il est prêtre dans une petite église du sud de la Floride et a procédé à de nombreux exorcismes. Je ne sais pas si il pourra sauver vos enfants mais vous ne perdrez probablement rien à essayer.
Je vous souhaite bon courage pour la suite, et surtout bonne chance à celle qui me remplacera.
Cordialement,
Amanda Salvador
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LETTRE 3
Le 22 mai 2009
Colonie des sang-mêlés
Montauk, Long Island
Madame Alatir,
J'espère que vous allez bien et que tout se passe à merveille pour vous à Orlando. Je me doute que recevoir une lettre de ma part ne doit pas vous rassurer, mais ne vous en faite pas, tout est sous contrôle à présent.
Travis et Connor n'ont jamais été réputés pour leur calme et leur retenue, néanmoins depuis 8 ans qu'ils sont à la colonie maintenant, je peux vous affirmer que vos fils n'ont pas fini de nous surprendre par leur inventivité quand il s'agit de faire des mauvais coups. J'en ai connu des fils d'Hermès agités, mais les vôtres dépassent un stade que je pensais – espérais – infranchissable.
La nuit dernière, Travis et Connor ont eu la curieuse idée de faire un spectacle sons et lumières avec des feux d'artifice de leur confection. Je vous l'accorde, ça ne sentait déjà pas bon, mais ils étaient sous étroite surveillance, à cette époque nous manquions d'animation à la colonie et je suppose que nous nous sommes laissés séduire par leur entrain. Le spectacle étaient sensationnel, ce serrait mentir que de dire qu'ils manquent de talent, mais personne n'a jamais douté du fait qu'ils soient habiles pour faire exploser des choses et pour jouer avec le feu.
Seulement, ce que nous ne savions pas, c'est que le final se déroulait dans le bungalow des enfants d'Arès. Pas devant, ni sur le toit : A L'INTERIEUR du bâtiment. Comment y sont-ils parvenus ? Nous avons mené notre petite enquête à ce sujet et il s'avère que vos fils sont parvenus à duper les enfants d'Arès grâce à une méthode qui a fait ses preuves il y a bien longtemps : un cheval de Troie. A l'exception près qu'ils ont appelé le leur ''le poulet des teubés''. Un nom charmant j'en conviens. Quoiqu'il en soit, ils sont parvenus à entrer dans le bâtiment en bernant tous ceux qui s'y trouvaient à ce moment là : Travis est venu frapper à leur porte avec un poulet cru à la main en prétendant qu'il le leur offrait en guise d'excuses pour tous les sales coups que les Hermès avaient pu faire aux Arès dans le passé. Evidemment ça n'a pas pris, mais cela a laissé suffisamment de temps pour permettre à Connor d'entrer pendant que les enfants d'Arès coursaient votre aîné en menaçant de lui refaire le portrait avec son poulet cru. Il a rapidement caché les feux d'artifice puis est parti prêter main forte à son frère.
Et dans la soirée, nous avons tous eu la surprise de voir le toit du bungalow 5 voler dans la nuit étoilée de Long Island, pendant que de magnifiques feux d'artifices explosaient en traçant dans le ciel le splendide dessin d'un poulet cru. Vos fils sont de vrais artistes madame Alatir.
Je ne vous cache pas que les enfants d'Arès n'ont pas été ravis de voir leur bungalow privé de toit et que vos fils ont dû démontrer de tout leur talent de sprinteurs durant les heures qui ont suivi, mais ne vous en faite pas, ils s'en sont bien sortis. Ne vous étonnez pas en revanche si leurs sourcils manquent à l'appel lorsqu'ils passeront vous voir à Orlando le mois prochain : ils se les sont brûlés en faisant sauter le toit. Pour la suite, je ferai mon possible pour qu'aucun habitant du bungalow 5 ne leur tombe dessus pour se faire justice en les défigurant.
Avec toute mon amitié,
Chiron
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LETTRE 4
Le 15 octobre 2013
Colonie des sang-mêlés
Montauk, Long Island
Madame Alatir,
Tout d'abord, je tiens à vous témoigner tout mon respect pour être parvenue à élever seule pendant 6 ans Travis et Connor. J'ai beaucoup d'affection pour vos fils, mais ils n'en sont pas plus simples à gérer pour autant. Néanmoins, vous serez probablement heureuse d'apprendre qu'ils ont tous deux été nommés conseillers en chef de leur bungalow. C'est une première, une représentation bicéphale au conseil pour un seul bungalow mais vous êtes bien placée pour savoir qu'il est difficile de faire quoique ce soit de normal et habituel lorsqu'il est question de vos fils. Si cela n'a pas affecté le comportement de Connor, j'ai cru en revanche détecter un soupçon de responsabilité chez Travis. C'est probablement invisible pour quiconque n'y fait pas attention, mais je vous l'affirme madame Alatir : il y a encore de l'espoir.
Malheureusement, ce n'est pas l'espoir qui me pousse aujourd'hui à vous écrire cette lettre, mais bien l'inverse.
Il y a quelques jours, Travis et Connor ont eu le merveilleuse idée de voler le camion d'une forain contenant une petite grande roue qu'ils se sont empressés de monter pendant la nuit avec l'aide des autres habitants du bungalow 11 ainsi que quelques fils d'Héphaïstos. Cependant, ça ne leur suffisait pas, ils ont donc dérobé des bornes d'arcades, des machines à sous ainsi qu'une panoplie d'autres choses les dieux savent où. Lorsque la colonie s'est levée ce matin là, elle a donc eu le plaisir de découvrir une vraie fête foraine que les nymphes et quelques satyres faisaient tourner pendant que le bungalow 11 se reposait – car oui, je peux vous l'affirmer à présent, il arrive à vos fils de dormir.
Tous les habitants de la colonie étaient enchantés et il y avait de quoi. Si vos fils ne savent pas quoi faire plus tard, dirigez les vers l'événementiel, car ils ne font pas les choses à moitié, c'est le moins que l'ont puisse dire. Ne me demandez pas où ils ont trouvé ça, mais il y avait des étalages de confiseries, des stands à hot dogs et des machines à barbe à papa dans tous les coins. Durant toute la journée tout s'est bien déroulé, les enfants de Démeter ont même ajouté leur grain de sel en faisant pousser des fleurs un peu partout afin de rendre le tout un peu plus festif. Mais dans la soirée, vous vous en doutez bien, le génie diabolique des frères Alatir est revenu en force.
Comme tout s'était bien passé jusqu'ici, je suppose que nous avons tous eu le malheur de baisser notre garde. Et vos fils en ont profiter pour frapper. Il faut savoir qu'ils avaient vraiment pensé à tout. Car ils ne s'étaient pas contenté de créer une véritable fête foraine au sein de la colonie : ils s'étaient également arrangés pour trafiquer la plomberie des bungalows. Et si cela semble plutôt anodin, sachez qu'avec vos fils, rien ne l'est. Car cette fameuse soirée, Travis et Connor ont eu la brillante idée de mélanger du laxatif en poudre avec le sucre de la barbe à papa. Le résultat a été aussi catastrophique que vous vous l'imaginez. Je ne vous ferai pas de dessin, je pense que vous avez compris ce qu'il s'est passé par la suite : tous les habitants ont été malades, et la plomberie à lâché un peu partout. Un véritable carnage.
En guise de punition, il a été décidé que Travis et Connor seraient chargés de nettoyer toutes les salles de bain et toilettes de la colonie, mais je ne doute pas qu'ils trouveront encore un moyen de passer au travers de cette punition.
Madame Alatir, je ne vous le dirai jamais assez, mais je vous admire réellement. J'ai cru comprendre que vous étiez la seule réussissant à les faire filer droit et même après avoir entraîné des centaines de héros, je ne parviens toujours pas à comprendre comment vous parvenez à vous faire respecter de ces deux garçons qui ne semblent craindre l'autorité de personne. J'ai néanmoins noté que Connor est le plus difficile à tenir. En réalité, il n'y a que Travis qui en soit capable. Connor est très intelligent, mais Travis est plus malin, il sait où sont placés les limites, notamment celle qui délimite la farce de la réelle méchanceté. Je vous disais plus haut que je trouvais que Travis devenait légèrement plus responsable, mais laissez moi revenir sur cette affirmation : Travis a toujours été plus responsable que Connor, et c'est en cela qu'on le reconnaît en tant qu'aîné. Travis est un modèle de conduite pour Connor, probablement pas le meilleur je vous l'accorde, mais si tous les deux se ressemblent tant, c'est parce que Connor imite Travis à la perfection.
De plus, les frasques de vos fils ne sont pas les seules choses qui m'ont poussé à vous écrire cette lettre. Connor et Travis ont probablement dû vous avertir, mais de sombres plans se dessinent dans le Tartare et malheureusement, Luke, l'un des demi-frères de vos fils, a cédé face à son désir de vengeance et rejoint les rangs de l'ennemi. Je doute très fortement que Travis et Connor fassent de même : si il y a bien une chose en laquelle j'ai foi, c'est en leur loyauté envers la colonie. Néanmoins, leur loyauté envers les dieux est peut être plus discutable. Nombreux sont les demi-dieux ayant une rancœur féroce envers leur parent divin et peu après le départ de Luke, Travis est venu me voir, seul. C'était une véritable première, même pour moi : voir Travis sans Connor deux pas derrière, c'est un miracle auquel je ne pensais pas assister au cours de ma vie. Travis était inquiet. Au début, il avait du mal à me dire pourquoi, mais finalement, il m'a avoué avoir peur de la haine de Connor à l'encontre d'Hermès surtout après qu'il ait compris que le départ de Luke était dû à l'ignorance de leur père.
J'ai tenté de rassurer Travis en lui promettant que je garderai un œil sur son frère, mais cela n'a pas eu l'air de le satisfaire. C'est pourquoi je m'en remets à vous : jusqu'ici, Travis n'a jamais réellement eu a prendre conscience de son rôle de grand frère, tout simplement parce que Connor reproduisant constamment ce qu'il faisait, il ne craignait pas les actions de son frère. Mais aujourd'hui, probablement pour la première fois de leur vie, leurs opinions divergent sur un sujet très important, un sujet qui est susceptible de diviser la colonie toute entière.
Je vous le répète, j'ai l'intime conviction que jamais Connor ne rejoindra Luke. Il est en colère, c'est un fait, mais il ne combattrait jamais contre la colonie et encore moins contre Travis. De toute façon, ce dernier est suffisamment malin pour le retenir jusqu'à la fin du conflit si il le faut, mais il n'en aura pas besoin c'est une certitude.
Je ne crois pas me tromper en vous disant que vos fils sont en train d'évoluer. Leurs blagues, elles, restent au point fixe, mais leurs personnalités mutent, ils se dissocient dans le bon sens du terme. Aujourd'hui, ils ne prétendent plus être jumeaux, ils se disent seulement frères. La semaine dernière, Connor s'est coupé les cheveux mais Travis non, ce qui permet désormais à tous les habitants de la colonie de les reconnaître en tant que personnes et non plus en temps que « frangins Alatir ». C'est progressif, mais ça n'en reste pas moins réel madame Alatir. Et je pense que c'est une bonne nouvelle.
Amicalement,
Chiron
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LETTRE 5
Le 7 septembre 2016
Colonie des sang-mêlés
Montauk, Long Island
Madame Alatir,
J'ai été très heureux de lire votre dernière lettre et tenais à vous rassurer dans les plus brefs délais : Travis et Connor vont très bien. Puisqu'ils vous ont déjà fait le récit de la guerre nous ayant opposé aux forces de Gaïa, je ne m'attarderai pas sur ces événements qui ne sont pas, comme vous devez vous en douter, des plus agréables.
Dire que cette guerre n'a pas laissé sa trace sur vos fils serait pourtant mentir de façon éhontée. Tout conflit armé amène son lot de blessures et de traumatismes, Travis et Connor ne font pas exception à la règle. Connor ne s'est pas confié à moi à ce sujet, mais Travis oui. Pour la deuxième fois depuis son arrivée à la colonie, il est venu me voir seul, à la différence près que cette fois ce n'était pas pour me parler de son frère. Je ne suis pas sûr qu'il apprécierait de savoir que j'évoque avec vous cette conversation, mais il me semble important que vous soyez au courant. Travis m'a confié souffrir d'insomnies et parfois même de crises d'angoisse fourdroyantes. Ce sont des symptômes courants chez les soldats revenant du front tout comme chez les demi-dieux après avoir affronté une armée de monstres, mais ce qui m'a réellement surpris, c'est qu'il a admis ne pas en avoir discuté avec Connor. Il a justifié cela en m'expliquant qu'il ne voulait pas que son frère s'en fasse et surtout qu'il ne voulait pas risquer de faire douter les autres résidents du bungalow 11 sur ses capacités à les représenter au conseil de la colonie.
Je ne soupçonnais pas qu'il puisse prendre son rôle avec autant de sérieux, même si je savais que cela avait de l'importance à ses yeux. Mais la conversation ne s'est pas arrêtée là : Travis a évoqué avec moi un autre sujet qu'il ne parvient pas à aborder avec son frère. D'après ses dires, depuis que l'un de ses amis, Percy Jackson, lui a parlé de la Nouvelle Rome et de toutes les possibilités d'avenir que cette ville peut offrir aux demi-dieux comme lui, Travis songe très sérieusement à y faire ses études. Cependant, selon lui Connor n'est quant à lui pas près à quitter la colonie et il ne sait pas s'il doit poursuivre son projet d'aller étudier à la Nouvelle Rome sans son frère ou non.
Madame Alatir, vous savez l'affection que j'ai pour vos fils. Et c'est au nom de cette affection que je vous conseille d'encourager Travis à quitter la colonie pour rejoindre la Nouvelle Rome. A Long Island, nous n'avons pas les infrastructures nécessaires pour offrir à nos résidents la possibilité d'y faire leurs études, mais si une villes leur en offre l'opportunité en tant que demi-dieux, ils ne devraient pas avoir à hésiter une seule seconde.
Travis a un projet, un projet concret pour son avenir qui ne se résume pas à attendre la prochaine bataille ou à faire exploser les toits des autres bungalows. Il m'a fait part de son souhait de devenir professeur de langues, ce qui ne me semble pas être une mauvaise idée pour un linguiste accompli comme lui.
Parlez en avec Travis, mais surtout, parlez en avec Connor. La séparation sera probablement plus dur pour lui que pour son frère. Je pense sans craindre de me tromper que la guerre contre Gaïa a été un électrochoc pour Travis, qu'elle l'a poussé à revoir ses objectifs avec un œil plus mature. Et malgré la tristesse des circonstances l'ayant incité à grandir aussi subitement, je pense qu'il est en bonne voie pour devenir un véritable adulte. Et l'épreuve ultime de cette épreuve est de s'éloigner quelque temps de son frère.
Quoiqu'il en soit, Travis et Connor n'ont pas perdu de temps pour remonter le moral des troupes après la guerre : à peine une semaine après la défaite de Gaïa, ils ont organisé une énorme fête dans le bungalow 11. La plupart des résidents de la colonie s'y sont rendus et y ont passé un très bon moment, même si vos fils ont eu la brillante idée de mettre du gaz hilarant très concentré dans le diffuseur de fumée installé dans le salon pour l'occasion. La plupart des fêtards ont fini par vomir de rire un peu partout, mais cela a au moins eu le mérite de faire oublier à tout le monde les horreurs vécues il n'y a pas si longtemps. Il n'y a pas à dire, vos fils sont doués pour détourner l'attention madame Alatir.
Amicalement,
Chiron.