orphée & nevh

after my blood turns into alcohol

Il ne sait pas trop ce qu'il fout à Central Park, perché sur la barrière de la patinoire, une clope à la main. Il a un peu zappé, en fait. C'est l'alcool, ça, il a sûrement un peu trop bu, il ne sait plus trop ce qu'il a foutu après être sorti du studio mal rangé du type chez qui il a squatté. Il avait envie de changer de décor, de quitter un peu la brume de Sanford et les putain de plaques de verglas qui lui font perdre l'équilibre quand il est bourré. Et puis, il connait presque tous les bars maintenant, s'est fait frapper aux trois quarts d'entre eux, s'est retrouvé dans les toilettes minuscules à deux ou trois dans le quart restant. Un changement de paysage s'imposait, de la nouveauté, de quoi rendre les choses un peu plus excitantes. Comme ce type aux multiples tatouages qui l'a ramené chez lui. Ou comme ces deux mecs qui l'ont stoppé net quand il draguait la copine de l'un d'eux (ou des deux, il ne sait plus). De l'ambiance. Du divertissement. De quoi faire taire le bordel de ses pensées à l'aide de grandes gorgées de whisky dont il ne sent même plus la brûlure. Il déteste New York pourtant, il en a parcouru tous les recoins avec Alec, l'a probablement embrassé dans chaque ruelle, l'a probablement plaqué contre chaque poubelle dégueulasse. La ville entière a les souvenirs d'Alec placardés sur ses buildings. Maintenant qu'il y pense, c'est peut être pour ça qu'il traîne à Central Park, ils n'y ont jamais mis les pieds, sauf pour se foutre de la gueule de ceux qui faisaient leur jogging le matin. Ils n'ont jamais été à la patinoire, c'est sûrement pour ça qu'il l'observe, les pieds au-dessus de la glace, se balançant contre la rembarde. Personne n'est là, c'est le milieu de la nuit, c'est censé être fermé. Il attend, quand même. Il se rappelle vaguement d'un message Iris envoyé à la Colonie, à l'autre demi-dieu qu'il aime bien quand il a bu, le mec un peu coincé mais qui le fait marrer quand il a bu. Il a besoin de distraction. Et Orphée, c'est une bonne distraction. Il est innocent, c'est toujours marrant, et il le suit toujours dans ses conneries.

Il balance sa clope sur la glace, elle s'éteint dans un pshht discret, mais audible. C'est silencieux, la nuit, on entend tous les petits bruits qu'on n'entend jamais le jour. Le vent est froid, mais le whisky lui réchauffe l'intérieur, et il s'empare de la bouteille à ses côtés, renverse la tête pour en avaler un peu plus. Quand il a reposé la bouteille, il allume une autre clope, jusqu'à entendre des bruits de pas. Il ne se retourne même pas, il s'en tape un peu, c'est sûrement Orphée, et si c'est pas lui, bah peut être qu'il crèvera, peu importe. "T'as du retard." Il balance en désignant la bouteille, parce que lui est déjà trop entamé pour prétendre être sobre, et qu'il veut Orphée avec de l'alcool dans le sang, pas sobre et trop tendu. Il frappe la rembarde à ses côtés du plat de la main. "Installe-toi, bois un coup, raconte moi des trucs funs."