Je regardais la porte, assis dans le canapé. Je ne sais pas ce que j’espérais. Que l’un de mes parents rentre à la maison? Comme si c’était possible. Tous les deux préféraient largement ne pas mettre les pieds ici et s’ignorer royalement. Moi? J’étais juste au milieu, victime de leurs disputes incessantes, de leurs colères irraisonnés. J’étais un poids dont ils ne savaient pas quoi faire. Ils ne pouvaient pas me jeter, mais ils ne voulaient pas vraiment s’occuper de moi non plus. Arriver à ce genre de conclusion quand on a huit ans, certains diraient que c’est triste. Moi, j’étais juste habitué. Mais, j’avais toujours cet espoir idiot de trouver et de voir chez eux, une once d’affection. Mais mon père préférait passer sa vie auprès de ses patients et ma mère s’occupait de ses élèves-soldats bien mieux que de moi. Mon estomac se mit à gronder rageusement et je cherchais du regard mes chaussures. Il n’y avait rien à manger ici de toutes les manières, j’allais devoir improviser. J’enfilais mes chaussures et sortais de la maison pour partir chez mes grands-parents paternels. Dix minutes de marche dans un t-shirt trop grand, en plein hiver, j’avais froid mais, ce n’était pas comme si me plaindre aller changer beaucoup de choses. J’arrivais devant la porte et rentrais sans toquer. De toute les manières, la porte n’était jamais fermée. Ils étaient attablés, entrain de manger leur dîner. Ils: mes grand-parents, l’ex-femme de mon père et mon demi-frère. J’aurais préférés que les deux derniers ne soient pas là mais tant pis. Disons que mon frère me détestait cordialement. Moi? Je l’admirais et je l’enviais. Parce que sa mère l’aimait, parce qu’il avait au moins un parent présent et parce qu’il était vraiment talentueux. Ma grand-mère me demanda ce qui se passait et je répondais avec un grand sourire:

-”Il n’y a rien à manger, et j’ai faim et froid.”

Rien à dire de plus, je grimpe sur le siège, croisant le regard de mon frère. Je ne savais pas ce qui lui passait par la tête, et je ne voulais pas le savoir. Je voulais simplement manger.

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-”YAH! Rend moi mes affaires!”

Les cris perçants de ma petites sœur venaient sonner dans mes oreilles tandis que j’éclatais de rire en me mettant à courir. La pauvre n’avait pas de chance d’avoir hérité d’un frère pareil. Quoique, notre frère aîné était pas mal dans son genre. Cela faisait maintenant cinq ans que nous avions tous les deux quittés la maison familiale pour nous installer chez notre grand-frère. J’avais été surprise, quand il était arrivé un matin à la maison pour venir nous chercher. Lui et moi… nous n’avions jamais été très proches, même si la naissance de la petite dernière semblait lui avoir fait ouvrir les yeux. Je ne dirais pas que notre relation était la meilleure des relations fraternelles qui puisse exister mais, elle s’était grandement améliorée. Des éclats de voix me font me stopper dans mon élan. Je connaissais cette voix, et je n’avais aucune envie de voir la personne à qui elle appartenait. Qu’est-ce que Maman venait faire ici. Je m’approchai du perron pour la voir elle et mon frère entrain de se battre. Qu’on lui ait retiré notre garde n’était que de leur faute. Ils ne nous avaient jamais accordé l’attention qu’il nous fallait. Je m’étais occupé de ma petite-sœur dès sa naissance avec mes grands-parents. Personne d’autre. Elle n’avait pas le droit de lever la main sur lui, elle n’avait pas le droit. Surtout que mon frère n’avait aucune chance contre elle, elle était un monstre, de force et de puissance. Je m’étais une ou deux fois glisser pour l’observer entraîner les soldats de la légion et je l’avais vue à l’oeuvre. Je me précipitais dans la direction en lui criant d’arrêter mais… elle était déjà lancée. Fille de Mars, sanglante, violente et parfois incontrôlable. Cette espèce de rage de sang qui l’animait parfois me faisait peur. Mais j’avais encore plus peur qu’elle lui fasse du mal. Je me jette sur elle pour qu’elle s’arrête.

-”NOOOONNNNNN!”

Elle vacille, porte les mains au niveau de son cœur, sa peau qui devient froide contre ma main. Mon frère qui me tire en arrière et hurle à nos voisins d’appeler un médecin. Je ne comprenais pas ce qui se passait. On me l’a expliqué plus tard. J’avais pratiquement tué ma mère en refroidissant son sang. Un léger accident traumatique. Je n’aimais pas ma mère, mais pas au point de la tuer. Oh que non.

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-”Tu es sûre de vouloir rester dans la légion?”

Mon frère me regarde avec des yeux particulièrement sérieux. Nous n’avions jamais vraiment eux de conversation très sérieuse mais, aujourd’hui, il semblait déterminé. Avec un grand sourire sur le visage j’acquiesce à sa question.Je pouvais comprendre la surprise que cela avait créé, moi qui avait toujours porté la légion en horreur à cause de ma mère. Mais, après ma période de probatio, j’avais compris ce que l’on pouvait retirer de tout cela et j’aimais la légion, j’aimais être un soldat. Machinalement, je caressais mon poignet où se trouvait mon arme rétractée. Au travers de la légion et de la cohorte, j’avais trouvé quelque chose que je n’avais jamais vraiment connu jusqu’ici, une famille. Même si il m’avait pris sous son aile, même s’il avait tenté de construire une forme de lien avec moi et ma sœur, disons que cela avait nettement mieux fonctionné avec elle qu’avec moi. Parce que je percevais encore la jalousie et la haine latente qu’il me portait quand il était plus jeune. Parce que j’avais du mal à me passer de mes souvenirs.

-”Tu sais bien qu’entre nous c’est toujours compliqué. Et que cela ne s’améliorera sans doute pas. Je ne t’en veux pas. Simplement, j’ai trouvé un endroit auquel j’ai vraiment l’impression d’appartenir.”

J’avais 15 ans, et je voulais simplement vivre ma vie comme je le voulais. Comme je l’entendais. Et c’était pour cela que je choisissais la légion.

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Ma tête me faisait souffrir, mes jambes étaient faibles et j’avais tellement de mal à ouvrir les yeux. Nom d’un chien, mais qu’est-ce qui s’était passé? Je n’arrivais pas à me rappeler. Il y avait du mouvement à côté de moi, ce n’était pas normal. Mes instincts m'indiquaient d’ouvrir les yeux les plus rapidement possible, de me dépêcher. C’était peut-être un ennemi. Je retins ma respiration, la présence se faisait encore plus proche jusqu’à ce que je pense qu’elle soit à une bonne distance. J’ouvrais les yeux, me jetant dans la direction de la présence. Nous tombèrent tous les deux sur le sol. Des cris de surprises retentirent mais, lorsque j’essayais de me relever, mes jambes ne me soutenaient plus, refusaient de me porter. C’est alors que je compris que je n’étais pas sur un champ de bataille, que je n’avais rien à craindre. J’étais à l’infirmerie de la Nouvelle-Rome, ce qui servait d’hôpital pour soigner les blessés. Plusieurs personnes vinrent m’entourer, m’aider à me relever. Mais enfin, qu’est-ce qui s’était passé?

On était en 2017… 2017. Comment est-ce que c’était possible. Mon dernier souvenir remonter à l’année 2015, juste avant la bataille du Mont Othrys. Ma mémoire s’était envolée, totalement. On m’avait raconté quelques bribes de ce dont je ne me souvenais pas. J’avais participé à la bataille contre Gaïa, et j’en étais presque mort. J’étais dans le coma depuis ce moment là. 10 mois pendant lesquels je ne m’étais pas réveillés… Et même en étant réveillé, il était difficile de faire comme si rien ne s’était passé, comme si tout était redevenue normal. Sans oublier tous ceux qui étaient partis et que je ne reverrais jamais.

Points important de ce qui s’est passé durant son amnésie:
¤Il a participé à la bataille du Mont Othrys
¤Il a aussi participé à la bataille contre Gaïa, durant cette dernière, il a accidentellement tué sa mère sous l’emprise d’un sortilège. Il s’en est rendue compte lorsque cette dernière est morte et que le sortilège c’est dissipé. Juste après cela, il a été grièvement blessé à la tête. Son amnésie est un syndrome post-traumatique. Quand bien même il n’aimait que peu sa mère, la tuer, même accidentellement, lui a fait un trop grand choc.