Mathy & Keegan

for ever, mimosas

11 juin 2017. Je n'avais pas fait de brunch depuis... bonne question. Assise sur ma chaise, attendant après Mathy, je tentais de déterminer si j'en avais déjà fait auparavant. Si, bien sûr. A l'époque, ça nous arrivait avec les copines de commander des mimosas, un morceau de pancake au bout de la fourchette. Pour une new-yorkaise, plus cliché tu meurs. Et encore, la plupart du temps, nous avions des lunettes de soleil pour cacher les cernes du lendemain de veille. Ça, ça ajoutait au tableau. Le célibat, ça a du bon au final. Un peu moins de sexe, moins de câlins aussi, mais un peu plus de mimosas. A voir où se trouvent les priorités.

La carte était ouverte devant moi, attendant que je daigne lui accorder un peu d'attention. Quand la jeune femme avait prit contact avec moi, je n'avais pas hésité. Comme elle demandait juste un café, j'avais choisi de pousser plus loin – principalement pour la faire chier, je l'avoue – et exiger un brunch. L'entendre soupirer avait réveillé mon sourire, et à cette seconde là, je ne lui en voulais plus de m'avoir réveillée avec son putain de coup de téléphone. Oui, je sais, on se réconforte comme on peut, même en agissant comme une gamine de neuf ans. Mais 8h, un dimanche, c'était beaucoup trop tôt. Peu importe si vous êtes humain, lama ou demi-dieu. Donc, oui, je ne m'étais pas rendormie, j'en avais même profité pour faire un petit footing dans Central Park, et fraîche comme une rose, j'attendais.

Mathy avait dit que c'était important, et je la croyais. Du genre fière, elle ne m'est jamais apparue comme une fille qui demande de l'aide, ou qui demande quoi que ce soit d'ailleurs. Pensivement, je dressais la liste des potentielles raisons qui la pousseraient à me donner rendez-vous. Je ne voyais qu'un seul lien entre nous deux : Vitali. Et je répugnais à imaginer qu'il lui soit arrivé quelque chose. Un frisson de nervosité longea ma colonne vertébrale et je fis pianoter quelques doigts sur mon jeans. Restée assise n'était plus aussi problématique qu'autrefois, mais ça ne me plaisait pas des masses pour autant. Je croisais les jambes dans l'autre sens et mes talons frottèrent le parquais. Je soupirais, et passais une main dans mes cheveux détachés. Pour une fois que j'étais à l'heure, voire en avance. Un coup d'oeil à mon portable m'apprit qu'il était simplement 11h34. Voilà à quoi ça mène de me réveiller aussi tôt. Une grimace barra mon visage avant que je me reprenne, et inspire profondément. Vitali allait bien. Pourquoi en serait-il autrement ? Agacée par la teneur de mes pensées, j'avalais une gorgée de café, et reportait enfin mon attention sur la carte. En me concentrant, je pouvais presque entendre cette dernière pleurer de soulagement. Comme quoi, la folie se soigne à coups de mimosas. Pas de café.